Cher amour
Dans ce livre, qualifié de roman par l'éditeur, mais qui comporte sûrement une grande part autobiographique, Bernard Giraudeau prend comme fil conducteur un amour imaginaire, un amour rêvé, désiré, appelé des voeux du narrateur (et/ou de l'auteur ?). Il s'adresse à madame T., et à travers elle emmène le lecteur autour du monde.
L'aventurier nous entraîne dans la forêt amazonienne, sur la Cordillère des Andes, aux Philippines et à Djibouti. Le marin se souvient de ses premiers voyages sur la Jeanne. L'écrivainse fait conteur pour évoquer les conquistadores, pour suivre les traces du Che Guevara ou pour se mettre dans la peau du général Leclerc.
Tous ces voyages sont entrecoupés de retours à Paris où l'acteur répète, joue différentes pièces comme Beckett ou l'honneur de Dieu, Richard III... rôles qui l'invitent à un voyage plus intérieur, plus immobile. Au beau milieu de cette vie trépidante, éclatée, solaire, celle d'un "marin ayant basculé d'une salle des machines sur les planches d'un théâtre avec une parenthèse au cinoche", Bernard est stoppé dans son élan par la révélation d'un cancer du rein (dont on sait qu'il a fini par l'emporter en août 2010). Pour supporter la douleur, les traitements, les séjours à l'hôpital, le narrateur s'autohypnose en se projetant dans des rencontres avec madame T.
Il m'a été plus facile d'entrer dans ce récit plutôt que dans Les dames de nage. C'est le point de vue sur le théâtre, la manière d'entrer dans un rôle, les répétitions, les relations avec les partenaires, le trac, qui m'a surtout intéressée. Et bien sûr, les réactions face à l'annonce du cancer. Bernard Giraudeau avait lui-même expliqué lors d'entretiens avec des journalistes à quel point cette maladie était venue "au bon moment" dans sa vie, à quel point elle l'avait obligé à réviser ses valeurs, à se recentrer. Bien sûr, cela ne s'est pas fait du jour au lendemain, et ce sentiment sur "l'opportunité" du cancer, il n'y a que la personne malade qui peut la déceler dans sa vie.
Pour ce qui est des récits de voyage, j'avoue que j'ai parfois survolé le texte, un peu éclaté parfois, toujours aussi flamboyant.
Malgré mon intérêt pour les deux points cités plus haut, je dois avouer que ce récit ne m'a pas touchée profondément : sans doute parce que Bernard Giraudeau a un goût pour la démesure, un grain de folie dot je me sens lointaine...
Bernard GIRAUDEAU, Cher amour, Points Seuil, 2009
Une lecture commune avec Pascale (Mot à mot), L'or des chambres et Sharon.
Un livre qui sera mon objectif PAL de ce mois !