Des nouvelles pour un dimanche de mai
Ce dimanche, je la fais un peu culturel, un peu triste et un peu en forme d'hommage.
D'abord, chose promise, chose due, c'est Andrei Baranov qui a remporté le premier prix cu Concours musical Reine Elisabeth. Le seul candidat que je n'ai pas eu le temps de revoir ou de réécouter en podcast (mais je le ferai très vite), parce que jeudi soir, le jour où il concourait, j'étais à l'opéra de Lille, en train de fêter Noël avec ma maman, à qui j'avais offert une place pour Cendrillon de Jules Massenet. Un régal pour l'oreille et les yeux, une mise en scène de Laurent Pély pleine d'humour et de grâce, des chanteurs, des choeurs et des danseurs en osmose et au meilleur de leur talent. C'était l'Orchestre national de Lille qui jouait, il y a chaque année un spectacle en collaboration entre l'Opéra et l'ONL. Une très belle soirée !!
Et donc Andrei Baranov a gagné le concours en présentant notamment le Concerto n°i de Chostacovitch, que j'adore : il y a du burlesque (c'est d'ailleurs l'intitulé d'un des mouvements) et du sublime dans cette oeuvre, qui fait défiler devant nous des images de fête populaire et paillarde, qui fait murmurer et sangloter le violon dans une recherche éperdue de lumière. Des ambiances très contrastées qui évoquent les tableaux de carnavals flamands de James Ensor et l'âme russe dans toute son âpreté.
James Ensor, un peintre belge qui me fait passer sans transition à la triste nouvelle de la mort de Jacqueline Harpman cette semaine. Une grande dame de la littérature belge, qui était à la fois romancière et psychanalyste, sans mélanger les deux (ce que je trouve appréciable). Je l'avais découverte avec Le bonheur dans le crime (dont je garde un souvenir tellement éblouissant que je me demande s'il faut le confronter à la relecture... mais j'en ai envie quand même) et puis j'ai lu La plage d'Ostende, titre incontournable, Moi qui n'ai pas connu les hommmes, La fille démantelée, Récit de la dernière année... Heureusement il m'en reste un dans la PAL, découvert il y a peu en poche ! Je ne saurais trop vous conseiller de découvrir cet auteur si vous ne la connaissez pas.
Pour lui rendre hommage, je vous propose ce petit extrait de François Emmanuel (autre auteur belge, le frère de Bernard Tirtiaux) que je viens de trouver au hasard des pages dans l'anthologie Ici on parle français et flamand de Francis Dannemark (publiée au Castor astral en 2005). J'ai trouvé que ce très court texte convenait bien à la circonstance :
Non, ne soyez pas triste, j'ai vu des feux, je vous l'assure, ne soyez pas si morte, j'ai même entendu l'eau, quelqu'un disait nous sommes pauvres mais ces cristaux d'absence quel bonheur, ils viendront, je le sais, ils viendront, j'ai vu des ciels remplis de présages, et l'été, regardez donc l'été