La Mer Noire
Extrait de la quatrième de couverture :
En ce jour anniversaire de ses quatre-vingt-dix ans, la première pensée de Tamouna est pour Tamaz, son amour de jeunesse. Cet homme, qu'elle a rencontré l'été de ses quinze ans à Batoumi, et qu'elle n'a cessé d'attendre, devrait être le quarante et unième convive de la fête familiale qui se prépare. La longue journée anniversaire est comme la métaphore de la vie de Tamouna. Entourée des siens, elle a laissé ouverte la vanne des souvenirs, et peu à peu, l'image de la doyenne qu'elle est devenue se superpose à celle de la jeune fille exilée. L'arrivée tardive de Tamaz en éternel amoureux achève de créer le trouble.
Un livre à deux voix, pourrait-on dire : les chapitres alternent le récit des préparatifs de la journée d'anniversaire, dont "elle", Tamouna, est l'héroïne et l'évocation de l'enfance en Géorgie, de l'exil brutal en France, que Tamouna raconte en "je". J'ai aimé cette double narration entre le présent de la fête et le passé de plus en plus proche, mais le fait de tout écrire au présent a créé une distance et unefroideur, certes représentatives de Tamouna, mais qui m'ont empêchée de ressentir une réelle empathie pour elle. J'ai été touchée par sa relation avec le père, héros sacrifié de la révolution géorgienne, j'ai aimé sa révolte et sa lucidité de jeune fille intelligente. Ensuite, je me suis sentie un peu éloignée d'elle, à cause de sa dureté, à cause de son ambivalence entre désir d'avancer et confinement dans les coutumes géorgiennes reproduites à l'identique en France.
L'écriture est précise, en phrases courtes un peu sèches : la forme explique peut-être aussi ma distance, et il me semble que l'auteure a abordé plein de sujets touchant à l'exil, le départ, le déracinement, les gens qu'on ne verra jamais plus, l'amour en pointillés, et que sa "concision" est un peu frustrante.
Je me suis demandé si j'avais déjà lu d'autres récits d'exil qui m'avaient davantage touchée, mais je n'en ai pas retrouvé.
Il faut dire aussi que ma lecture s'est faite dans des circonstances difficiles, qu'elle a un peu traîné en longueur. Cela n'a sûrement pas servi au roman. Et ça ne risque pas de s'arranger dans les semaines à venir.
Kéthévane DAVRICHEWY, La Mer Noire, Sabine Wespieser Editeur, 2010
Une lecture pour le challenge Petit Bac, catégorie Lieu, et pour le tour du monde, étape en Géorgie (même si le livre n'est pas une traduction, il est suffisamment marqué pour compter).