La tête en friche
Film vu hier soir, et lecture de Marie-Sabine Roger encore très fraîche en tête... Alors autant le dire, j'ai été un peu déçue par le film... Bien sûr, le langage du cinéma n'est pas le même que celui des livres, et j'ai aimé l'interprétation de Gisèle Casadesus et de Gérard Depardieu, les seconds rôles sont bien campés eux aussi...
Mais le personnage de Germain est à la fois plus simple et plus complexe et surtout il me semble plus vraisemblable dans le livre. Le cinéma ne peut forcément pas rendre tout à fait compte du temps nécessaire à l'apprivoisement mutuel entre Margueritte et Germain, à l'apprivoisement de la lecture par le géant. La scolarité martyrisée de Germain, les débordements, la jeunesse agitée (et le goût pour la fourche !) de sa mère sont tellement plus savoureux à lire...
Comme Germain, nous goûtons les yeux fermés les textes de Camus, de Gary, de Supervielle... je les ai gardés bien serrés aussi au moment où un passage de La Peste est littéralement illustré par des centaines de rats qui débordent de partout : non seulement j'ai horreur de ces bestioles, mais je suis un peu allergique à l'illustration "plate" de cet extrait.
Et je n'ai pas aimé la fin non plus : fallait-il vraiment cette caricature d'accent belge et ce mouroir pour terminer le scénario ? Sur le plan cinématographique, oui sans doute...
Le livre était beaucoup mieux !! Il nous permet d'apprécier quantité de mots délicieux de Germain, qui a découvert avec sa complice Margueritte, 86 ans, les mots, les livres, la complicité, la considération, le respect...
Un bon mot parmi tant d'autres : "Faire l'amour, voilà bien un truc de gonzesse que j'aurais pas cru pouvoir dire. Comme quoi, il ne faut pas dire, Fontaine, je ne boirai pas de tonneau."
Marie-Sabine Roger, La tête en friche, Editions du Rouergue, 2008