Les Encombrants
Quatrième de couverture :
Ils vivent seuls ou en maison de retraite ; ils parlent à leur animal de compagnie ou au téléphone - la plupart n'ont plus grand monde à qui parler. Ils ont en commun leur grand âge, une santé chancelante, et ce terrible et culpabilisant sentiment d'inutilité, comme d'encombrants meubles au rebut.
J'ai choisi ce petit recueil de nouvelles pour le billet du 12 du mois en hommage à Hubert Nyssen.
Petit par la taille (96 pages) mais non par le talent. J'ai retrouvé avec bonheur la plume alerte, précise, tantôt pleine de fraîcheur naïve, tantôt chargée de tendre férocité de l'auteur de La tête en friche et surtout de Vivement l'avenir.
Sept nouvelles sur "les vieux", dont la première et la dernière jouent sur un joli quiproquo qui se dévoile à la fin, évidemment : une inclusion qui révèle la belle conception de ce recueil. Il commence par deux textes qui font frissonner tant l'indifférence, la convoitise des personnes dites "proches" peuvent être aussi violentes et dévastatrices que la violence insidieuse et bien réelle parfois de la part des soignants en maison de repos (un portrait au vitriol, rien de moins, dans Une garde de nuit !).
Heureusement Marie-Sabine Roger ne jette pas seulement un regard acéré sur ces conditions de vie : dans On n'a pas tous les jours cent ans, on se croit d'abord au niveau des pâquerettes où errent un député en mal de voix et une journaliste locale en mal de scoop pour finir par une revanche un rien vacharde de l'auteur. On sourit et... cela fait du bien ! Dans Rose thé et Comment fait-elle, le point de vue se décale et ce sont les enfants des vieux qui sont à l'avant-scène, pétris de nostalgie ou complètement dépassés par leurs vieux parents.
Un recueil doux-amer, qui nous interroge mine de rien sur nos attentions aux personnes âgées, et qui nous ferait bien un peu frémir sur notre propre avenir de "vieux" et de "vieilles" !
A écouter en lisant : la chanson Les vieux de Jacques Brel, mais aussi Quand on est vieux, on est c... de Georges Brassens, histoire de ne pas voir le seul côté noir du récit ! D'ailleurs, la couverture d l'édition poche fait la part belle au rêve !
Marie-Sabine ROGER, Les Encombrants, Editions Thierry Magnier, 2007 et Babel, 2011
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