La vie très privée de Mr Sim
Quatrième de couverture :
Maxwell Sim est un loser de quarante-huit ans. Voué à l’échec dès sa naissance (qui ne fut pas désirée), poursuivi par l’échec à l’âge adulte (sa femme le quitte, sa fille rit doucement de lui), il s’accepte tel qu’il est et trouve même certaine satisfaction à son état. Mais voilà qu’une proposition inattendue lui fait traverser l’Angleterre au volant d’une Toyota hybride, nantie d’un GPS à la voix bouleversante dont, à force de solitude, il va tomber amoureux. Son équipée de commis-voyageur, représentant en brosses à dents dernier cri, le ramène parmi les paysages et les visages de son enfance, notamment auprès de son père sur lequel il fait d’étranges découvertes : le roman est aussi un jeu de piste relancé par la réapparition de lettres, journaux, manuscrits qui introduisent autant d’éléments nouveaux à verser au dossier du passé. Et toujours Max pense à la femme chinoise et à sa fille, aperçues dans un restaurant en Australie, dont l’entente et le bonheur d’être ensemble l’ont tant fasciné. Va-t-il les retrouver? Et pour quelle nouvelle aventure? Brouillant joyeusement les cartes de la vérité et de l’imposture, Coe l’illusionniste se réserve le dernier mot de l’histoire, qui ne manquera pas de nous surprendre.
Plus d’une génération va se reconnaître dans ce roman qui nous enchante avec un humour tout britannique, bien préférable au désespoir.
Ca y est, je le tiens, mon coup de coeur absolu du mois d'août ! Ah quel bonheur de retrouver Jonathan Coe, son art de dresser un portrait, de nous entraîner dans une aventure improbable, de nous faire rire... et de s'en tirer avec une de ces pirouettes... à laquelle je ne m'attendais, mais alors pas du tout !
Dans ce billet, j'espère que vous lirez entre les lignes l'enthousiasme, la joie de retrouver celui que j'ai découvert dans Testament à l'anglaise (allez lire le billet que Krol lui a consacré, et son avis très ... avisé sur les romanciers britanniques), qui m'a fait mourir de rire dans La maison du sommeil, et qui m'a emportée dans l'Angleterre tatchérienne grâce à Bienvenue au club. (J'ai lu aussi Une touche d'amour et Les nains de la mort, son premier roman.) Il me reste dans la PAL La pluie, avant qu'elle tombe. Et je me rends compte que je n'ai hélas pas beaucoup de souvenirs des histoires racontées. Si ma PAL n'était aussi gigantesque (ou grotesque, ça dépend du point de vue), je me mettrais à relire tous ces bouquins, comme ceux d'un ami fidèle que je retrouve avec plaisir ! (Ok, ok, ce billet est aussi une déclaration d'amour à Jonathan Coe.) (Pour une fois que c'est pas un autre Anglais célèbre, plaignez-vous !)
J'étais donc, ces jours-ci, en train de suivre avec intérêt, ardeur, impatience, les aventures de Max. J'ai été à la fois amusée et horrifiée par ses échecs à répétition, et je me demandais où cela allait arriver. Une fois de plus, Jonathan Coe a su user de genres différents pour construire un puzzle où lettres, journal intime, devoir de psycho et nouvelle d'écrivain en herbe se conjuguent au monologue intérieur de Max pour extirper la racine de son mal-être. Cela semble se résoudre de façon magistrale... quand la finale vous tombe dessus sans crier gare !
Et donc, ce qui était jusque là un roman bien construit, habilement mené, qui, mine de rien, nous faisait réfléchir un peu à la solitude, à la notion d'amitié aujourd'hui, au vrai et au faux, au trucage, devient un livre sur la création littéraire, les sources d'inspiration, le rapport aux personnages... J'ai été bluffée, menée en bateau sur toute la ligne et j'ai aimé ça !!
Petite anecdote de lecture personnelle : tout le monde (ou presque) connaît ou a entendu parler de la célèbre page 113 de Sukkwan Island (David Vann). Eh bien, la page 113 de La vie très privée de Mr Sim a eu beaucoup d'effet sur moi aussi. Ceux qui ont déjà lu le livre se souviendront que c'est le moment où Max, de retour d'Australie, épluche désespérément son courrier, sa page Facebook pour se rendre compte que plus personne ne pense à lui. Mais ô joie,Outlook lui révèle la présence de 137 messages... vous vous souvenez ? Ca m'a fait pleurer de rire, les pages 114 à 117 !
Quant à vous qui avez la chance de devoir encore découvrir ce génial auteur, vous l'aurez compris : faites-vous du bien, lisez ce livre !!
Les avis de Cachou et de Keisha (où, dans les commentaires, Anis a eu la bonté de nous faire partager une photo de l'auteur...)
Jonathan COE, La vie très privée de Mr Sim, Gallimard, 2011 (tradit de l'anglais par Josée Kamoun)
Un livre qui, évidemment, met une touche spéciale au challenge God save the livre, et une belle balade en Angleterre pour Voisins voisines !