Les années
Quatrième de couverture :
«La photo en noir et blanc d'une petite fille en maillot de bain foncé, sur une plage de galets. En fond, des falaises. Elle est assise sur un rocher plat, ses jambes robustes étendues bien droites devant elle, les bras en appui sur le rocher, les yeux fermés, la tête légèrement penchée, souriant. Une épaisse natte brune ramenée par-devant, l'autre laissée dans le dos. Tout révèle le désir de poser comme les stars dans Cinémondeou la publicité d'Ambre Solaire, d'échapper à son corps humiliant et sans importance de petite fille. Les cuisses, plus claires, ainsi que le haut des bras, dessinent la forme d'une robe et indiquent le caractère exceptionnel, pour cette enfant, d'un séjour ou d'une sortie à la mer. La plage est déserte. Au dos : août 1949, Sotteville-sur-Mer.»
Au travers de photos et de souvenirs laissés par les événements, les mots et les choses, Annie Ernaux donne à ressentir le passage des années, de l'après-guerre à aujourd'hui. En même temps, elle inscrit l'existence dans une forme nouvelle d'autobiographie, impersonnelle et collective.
Je viens de terminer la lecture de ce livre. C'est une lecture commune (que quelques-unes ont abandonnée en route, faute de temps) et je commence à rédiger mon billet à 18 heures passées. Je me suis donc traînée à le lire... Que dire ?
J'espérais, je crois, une surprise semblable à celle de L'autre fille, le dernier titre en date d'Annie Ernaux, et le premier que j'aie lu d'elle. Et la couverture du Folio n° 5000 est tout simplement magnifique à mon goût. Mais le sentiment principal qui ressort de cette lecture est l'ennui. J'ai lu jusqu'au bout parce que c'était une LC, et que, vérifiant constamment où j'en étais par rapport à la dernière page (c'est un de mes tics de lecture : aller sans arrêt vérifier le nombre de pages du livre en cours - mais en général, je m'interdis de lire les derniers mots), j'avais quand même lu en diagonale pourquoi Annie Ernaux avait choisi ce type de narration. Et je voulais comprendre.
Dans cet ouvrage, elle retrace donc sa propre vie (elle est née en 1940 si j'ai bien compris) en l'entrelaçant avec les événements du monde, de la fin de seconde guerre mondiale aux années 2000. De ces événements, racontés en "nous" ou en "on", je retiendrai la société de consommation, le matérialisme, la fascination de posséder des objets, ce que je peux estimer les sympathies de gauche de l'auteur, la condition féminine, la vie de famille, l'individualisme forcené. Ces longs passages sur l'air du temps qui passe sont principalement en forme d'énumération de faits et sont entrecoupés de descriptions de photos, sur lesquelles apparaît une femme, "elle". Et c'est donc sous cette forme qu'Annie Ernaux s'observe, lit le passage des années, tente de retrouver les sensations éprouvées lorsque la photo a été prise.
Et donc je me suis principalement ennuyée. J'en suis vraiment désolée car j'aurais aimé aimer ce livre. Je n'ai pas aimé ces longues énumérations factuelles derrière lesquelles pointe à peine une prise d'opinion, et surtout je n'ai pas apprécié ce principe d'écriture en "on", cette prise de distance en "elle". Cela manquait de chair, cela n'a pas réussi à m'accrocher.
Je n'ai pas pu m'empêcher, pendant cette lecture, de penser au livre de Jean-Paul Dubois, Une vie française, où un destin individuel se coule lui aussi dans l'histoire française des années 1950 à 1990. Même si les deux livres ont des visées complètement différentes, le roman de Dubois était autrement enthousiasmant pour moi.
Une rencontre ratée ! Qui ne m'empêchera pas de me faire une autre idée d'Annie Ernaux avec La place, trouvé récemment en bouquinerie.
Annie ERNAUX, Les années, Gallimard (et Folio), 2008
Une lecture commune avec Véro l'Encreuse, Miss Bouquin Aix. Les chroniques assidues n'a pas encore publié son billet.
(Asphodèle et Syl ont déclaré forfait, elles donneront sans doute leur avis plus tard.)
Allez, on va dire que c'est un livre de ma PAL (récente) qui change d'étagère... Cela en fait déjà deux pour ce mois...