On ne va pas se quitter comme ça ?
Quatrième de couverture :
Au cours d’un voyage à Dakar, Irène et Gabriella sont tombées amoureuses du même homme, Vincent. Elles ne se connaissent pas, ont peu de choses en commun. Vincent choisit Gabriella : il est presque impossible de résister à l’attraction qu’elle exerce et à la grâce qui l’anime. Pourtant cette grâce est assortie d’une inaptitude à vivre, qu’elle réussit à cacher à merveille: Gabriella manie le faux-semblant comme personne. Seule Irène perçoit le double fond de cette fille déconcertante, et c’est une singulière amitié qui commence, se frayant un chemin délicat aux côtés de Vincent qui comprend peu à peu combien son choix se révèle périlleux...
J'avais lu une critique dans le journal sur ce livre, et quand j'ai eu l'occasion d el'avoir à prêter, je n'ai pas hésité. Il ne me laissera pas un grand souvenir de lecture, ai-je l'impression...
Au début, j'étais un peu agacée par le côté presque factuel des événements de la vie d'Irène et Gabriella, par cette passion sans réflexion qui naît entre Vincent et la sublime Gabriella. Ces deux-là planent dans leur vie amoureuse, et elle dans sa vie tout court, et je les ai trouvés un peu trop légers à mon goût.
C'est le triangle amoureux dans diverses variantes, Vincent, Gabriella et Irène, Vincent, Gabriella et Stéphane... et les autres.
Ensuite je me suis quand même attachée à leur histoire, j'ai eu envie de savoir ce qui s'était passé et qui explique le tout début du livre. Il y a quelques moments de grâce dans l'écriture, simple, qui effleure à peine la surface des choses, qui imite en quelque sorte la légèreté de Gabriella, insondable.
"Devant leur porte, Gabriella était déjà en train d'utiliser les espaces secs du trottoir pour déposer des caisses, deux types débouchaient de l'entrée sombre avec un sommier en métal, celui sur lequel Irène avait dormi, plus que probablement. Un autre type portait une étagère à bout de bras, et Gabriella d'un index décidé montrait à chacun contre quel mur poser chaque chose, leur donnait des ordres qu'ils suivaient sans broncher, comme si c'était tout naturel de se plier aux injonctions de cette maîtresse femme qui dominait la situation comme personne, main de fer gant de velours, souriante, compétente, pleine de joie et d'entrain. Irène du haut de la cabine la regardait accueillir Vincent qui sortait du camion, c'était saisissant de perfection. Impossible d'imaginer une seconde le double fond qu'elle cachait, et Irène la première en venait à douter de tout. Même de son besoin de consolation, même de l'existence de Stéphane. Droite dans ses bottes et rayonnante. La pom-pom girl était de retour." (p. 112)
La fin reflète bien l'incommunicabilité cultivée par Gabriella. Sa fin est-elle le reflet de son inconstance, de ses silences, de ses mensonges ?
"Irène aurait pu dire exactement ce que Vincent aurait voulu et qu'il préférait taire parce qu'elle voulait la même chose sans oser le dire elle-même. Que Gabriella leur fasse grâce de tout ce cirque, qu'elle els laisse approcher, encombrés qu'ils étaient de leur besoin de la consoler qui les aurait tant consolés eux-mêmes. Inutile qu'elle soit belle et glissante comme du marbre poli, personne ne lui en demandait tant, on pouvait 'laimer sans ça quoi qu'elle pense, Irène n'avait aucune peine à imaginer ce qui se cachait sous la couche d'élégance : un ramassis de frayeurs. Mais qui avait envie de partager ça ? On était loin des petites confidences bruxelloises, Gabriella n'avait sans doute pas la moindre intention de se glisser sous la surface pour entrevoir le naufrage, pas même question d'y songer, pas folle, non, pas folle ! elle n'allait pas ouvrir de passage, si étroit fût-il, elle ne laisserait entrer personne." (p. 180-181)
Il en restera malgré tout un goût de bulle de savon gracieuse et vite envolée...
Ariane LE FORT, On ne va pas se quitter comme ça ?, Seuil, 2010
Un livre belge d'abord !
Mais aussi un livre de la Rentrée littéraire... 2010 et un livre d'une voisine belge pour Kathel !