Treize raisons
Quatrième de couverture :
Clay reçoit treize cassettes enregistrées par Hannah Baker avant qu’elle ne se suicide. Elle y parle de treize personnes qui sont impliquées dans sa vie : amies ou ennemies, chacune de ces personnes a compté dans sa décision. D’abord choqué, Clay écoute les cassettes en cheminant dans la ville. Puis, il se laisse porter par la voix d’Hannah. Hannah en colère, Hannah heureuse, Hannah blessée et peut-être amoureuse de lui. C’est une jeune fille plus vivante que jamais que découvre Clay. Une fille qui lui dit à l’oreille que la vie est dans les détails. Une phrase, un sourire, une méchanceté ou un baiser et tout peut basculer…
Je suis... troublée par cette lecture (risque de billet décousu, donc). Je suis certainement influencée (attention, je vais écrire une platitude) par le fait que je ne suis plus une ado depuis longtemps et que je ne vis pas aux Etats-Unis (ok, vous l'aviez deviné depuis longtemps).
Voilà donc une manière un peu spéciale de parler du suicide des ados, une manière un peu tordue et pas très réaliste à mon sens : ça m'étonnerait qu'un jeune qui veut mettre fin à ses jours prenne le temps d'enregistrer des cassettes pour justifier son acte, d'établir l'ordre dans lequel les cassettes devront être entendues par les personnes successivement concernées, d'en faire parvenir un double à un autre jeune qui vérifiera que le colis atteint bien sa cible... Mais bon, il fallait bien trouver une accroche pour suivrede l'intérieur la lente "agonie" d'Hannah.
Il faut reconnaître que lire, écouter la voix d'Hannah et en parallèle, les réactions de Clay qui écoute les cassettes, qui essaye de comprendre et se rend compte qu'il a complètement été à côté de la plaque, est un procédé assez "happant" : on se surprend à être aussi mal à l'aise que Clay, à étouffer sous cet enchaînement de circonstances qui a conduit Hannah au pire. Et je dois dire que j'ai voulu garder mes distances : j'aurais été incapable de dévorer ce livre d'une traite, j'ai mis trois jours à le terminer, alors qu'il se lit assez rapidement, j'ai mis des pauses, comme avec les cassettes.
L'intérêt du roman, c'est de nous faire comprendre à quel point nos paroles, nos gestes, nos réactions, nos jugements peuvent influencer les autres (parfois sans que nous ne nous en rendions compte) et que notre qualité d'être humain nous rend responsables les uns des autres.
J'avoue que j'ai pensé à certains de mes élèves en llisant ce livre : les petits clans, les inimitiés, les jalousies que l'on devine dans telle ou telle classe, entre tel ou tel étudiant, comment les vivent-ils entre eux, comment les ressentent-ils de l'intérieur ?
Je me suis dit aussi que le point de vue américain, où la vie au lycée prend une importance sociale, individuelle très forte, est sans doute éloigné de ce qui se passe dans ma région. Ceci explique peut-être que je n'ai pas été touchée (ou voulu être touchée, c'est possible) par ce premier roman de Jay Asher.
Je pense que je ne conseillerai pas ce livre à mes élèves : les ficelles sont trop grosses, on joue trop sur l'émotion pour un sujet "fragile".
Pas de citations : ça faisait parfois un peu article de psycho de magazines féminins pour ménagères de moins de 50 ans.
Jay ASHER, Treize raisons, Albin Michel (collection Wiz), 2010
L'avis très enthousiaste de Cachou, celui très mitigé de Theoma qui propose d'autres liens.
Un livre qui participe au challenge de Littérature américaine
et un huitième titrepour le challenge Jeunesse de Whoopsy Daisy